Kill Me Sarah
Propos incohérents et bande son pour orgasme (saison 7)
Killing Me Softly (Playlist of the week)     Kill Me Again (KMS saisons 2 à 4...)   Radio-Blog

jeudi, juin 12, 2008

369 Ailleurs : Badgerlore : Stone stick earth brick (Album : Stories for owls 2005)

    (369)





Les nuages gris ce matin, puis vers 8h30, gris foncés, atmosphère étrange. Derrière la vitre les voitures passaient sans bruit sur le boulevard. Je regardais par la fenêtre parce que j'aime bien quand je te vois passer le matin mais là je le savais il était trop tôt. Je regardais quand même.
Un matin où le corps et les pensées s'éparpillent en fragment. Se transformer en poussière à l'instant et être balayé par le vent. Puis, plus loin, reprendre forme. Et chaque grain porte en son coeur tout notre être. Sensation inexplicable.

A midi la pluie m'a rappelé celle de l'enfance, celle qui nous obligeait à rester à l'intérieur pendant les vacances. Lorsque l'on faisait du camping je pouvais enfin jouer sous la tente.
J'ai rêvé tout l'après-midi être un piquet de bois planté au bord de la mer. Et puis je suis parti dans le brouillard.


(Le merveilleux Anthony Gormley : Another place 1997)
(il faut écouter ce morceau atmosphérique de Badgerlore en s'imaginant à la place de ce corps de fer, les pieds dans la mer du nord)

Kill Me Sarah | 21:14 |

mardi, juin 10, 2008

368 I am not a number - I am a free man! : Kraftwerk : Mini Calculateur (Album : Computer world 1981)

    (368)

Alors on met des chiffres dans des cases on est payé pour ça. Le chiffre peut être artistique mais pas ceux là. Là ce sont des chiffres à virgule. Sans cohérence. Pas comme ceux que Roman Opalka aligne les uns à la suite des autres sur ces toiles suprenantes. Là ce sont des chiffres mis dans des cases. Même pas de belles cases.
Répète. Répète. Tout est dans la répétition. Du chiffre dans la case. Des cases qui se répètent avec des chiffres qui se répètent. Des cases qui se répètent dans des lignes et des colonnes qui se répètent elles aussi. Répète. Répète. Tout est dans la répétition.

Parfois de la musique électronique s'échappe des chiffres dans les cases. Des bleep, des ploc, des bip. Signe d'erreur. La machine dit bleep. Elle te parle. Toi tu sais que tu as commis une erreur. Non pas que tu aies mis le mauvais chiffre dans la mauvaise case. La case et le chiffre sont interchangeables. Juste la machine fait bleep parce que tu fais quelque chose qu'il ne faut pas faire. Tu enfreins la règle de la machine.
Répète. Répète. Tout est dans la répétition. Des chiffres dans les cases. Et puis ensuite il faut mettre encore plus de chiffres dans encore plus de cases. Répète. Encore. Plus vite.

Ensuite, on met de la couleur dans les cases pour bien montrer qu'il y a des chiffres dedans, des beaux chiffres, seulement à ce moment là on donne un sens aux chiffres et aux cases, enfin on essaye, un sens insensé pour tout le monde sauf une élite spécialement formée à la lecture des chiffres dans les cases en couleur.
Et puis ensuite on recommence. On mets des chiffres dans des cases. Même pas de belles cases. Des chiffres dans des cases...


(je voulais mettre la version française de cette chanson (Mini calculateur) mais je ne l'ai qu'en vinyle et pas moyen de la trouver... peut être plus tard si je la trouve) Merci Dragibus. Ecoutez cette merveille. Je suis l'operateur du mini calculateur, Je fais le compte, et le décompte...

Kill Me Sarah | 22:20 |

lundi, juin 09, 2008

367 No time for words : Pavement : Here (Album : Slanted and enchanted 1992)

    (367)

I was dressed for success, but success it never comes...

Quand j'étais jeune je rêvais d'être un guitar hero électrisant les foules. L'époque était aux solos à rallonge, il faut comprendre. Torse nu, ruisselant de sueur sous les projecteurs, la guitare portée très basse, avec une prédilection pour les projecteurs rouge. Et puis les rêves s'envolent, trop vite sûrement. Sans qu'il y en ait vraiment d'autres pour les remplacer. Ou des rêves sans rêve.
Je pensais à ça hier en écoutant un vieux disque à la pochette ajourée. Un vieux disque à histoire. Une histoire à tiroirs. Pas vraiment écrite encore.
(et que cette chanson de Pavement est magnifique)(comme cet album en relief)(mettre du relief sur les disques c'est un beau rêve)

Kill Me Sarah | 21:41 |

vendredi, juin 06, 2008

366 Come to me : Thalia Zedek : Do you remember (Album : Liars and prayers 2008)

    (366)

C'est un peu comme à chaque fois, comme s'il fallait ensuite que j'attende que le réservoir se remplisse à nouveau. Ou bien est-ce parce que le contenant rouillé laisse s'échapper la substance. Mes réserves de mots semblent limitées parfois. Et le temps de gestation élevé.

Il y a, dans le dernier album de Thalia Zedek, quelque chose d'indéfinissable mais d'extrêmement poignant. Le caractère rauque de sa voix, et le crincrin du violon souvent présent. Il y a du bois humide et des pierres anciennes, de la campagne abandonnée, de l'herbe pelée. Quelque chose de rouillé vibrant encore des vieilles ondes d'une vie ancienne. Il y a des défauts aussi, des guitares trop longues par instant, d'autres. Et puis? La perfection est tellement lassante. Mais la voix de Zedek porte nos peurs enfouies. Une voix avec des cals au fond de la gorge. Et ce crincrin qui obsède.
Ce disque, je le sais, serait idéal dans le train, dans des vallées aux villes grises et ternes cernées de montagnes. On y frôle parfois des gouffres Caverneux.

Kill Me Sarah | 22:21 |

jeudi, juin 05, 2008

365 Political world : Jeffrey Lewis : End Result (Album : 12 Crass songs 2007)

    (365)

Jeffrey with one two f, Jeffrey...
Trente ans après, le texte de Crass n'a pas vieilli et est toujours d'actualité. Plus que jamais peut être. On vit dans un monde politique comme le chantait Bob. Sauf que dorénavant on semble plus la subir que la faire.

Jeffrey Lewis hier soir, braillait en tout cas ses reprises de Crass avec force et conviction dans une joie communicative mais sûrement peu politique et ce n'était pas gênant. Je regardais les gens dans le public, ils souriaient ce qui est certainement bon signe.
J'aime bien regarder le public par moment durant les concerts. Surtout lorsque je peux être situé une marche ou deux plus haut que la fosse dans laquelle je ne vois rien à part la tête et les épaules des grands cons se plaçant systématiquement devant moi. Hier soir, sur le coté, je voyais bien le public et la scène. Et je regardais ces gens inconnus bouger, sourire, chanter, hurler, avec des mimiques étonnantes. J'aimerais parfois les filmer, au ralenti.

Kill Me Sarah | 21:39 |

lundi, juin 02, 2008

364 Bobology take one : Bob Dylan : Desolation Row (Album : The Bootleg Series Vol. 4 Live 1966, The Royal Albert Hall Concert 1998)

    (364)

(aka Pour en finir avec Bob Dylan take one)

They're selling postcards of the hanging. Ca commence comme ça, They're selling postcards of the hanging. Des cartes postales de la pendaison. Et puis ça t'emmène loin. On ne sait jamais vraiment où. Mais loin. Même dans le temps. Cette chanson, c'est un voyage...

Septembre 1975. J'entrais en seconde B, économique, dans ce lycée où je ne connaissais personne. J'avais quatorze ans. J'étais là depuis deux ou trois jours seulement mais je savais déjà que l'année allait être difficile vu le niveau musical de mes camarades de classe plus portés sur le hit parade avec C.Jérome pour les filles, et le néant pour les garçons en dehors d'un fan de Santana.

On était là, dans cette classe où je m'étais senti étranger dès la première minute où je me suis trouvé au milieu d'eux. Avec mon sac US bardé de noms de groupes, j'étais un extra terrestre. Ils n'écoutaient rien. Ou n'importe quoi. Quoi leur dire dans ce cas là.

Lors du premier cours de français, avec cette prof à cheveux longs, ça s'est confirmé. Dans cette salle de classe au rez de chaussée de ce bâtiment vert et gris. J'avais peut être voulu faire le malin aussi. Elle avait demandé si la poésie nous intéressait, et quels auteurs. Les réponses étaient plus que clairsemées. Une ou deux filles ont fayoté en citant Baudelaire et Rimbaud. Un garçon aussi. Très peu. Et puis moi j'ai levé la main aussi. J'ai levé la main pour dire Bob Dylan.

Je n'avais pas un seul disque de Bob mais il me suffisait d'avoir lu Rock & Folk et Best pour savoir qu'il était grand. Enorme même à mes yeux. Je l'avais lu, Dylan poète moderne et rock'n roll, dans un hors série de Best. Dans un autre article il y avait le texte de Desolation Row. The circus is in town. Sûrement que j'avais voulu faire le malin et montrer à tous ces crétins la différence qu'il y avait entre eux et moi.
Bob Dylan.

De peur qu'on ne m'entende pas j'avais dû forcer la voix. Peut être même que j'ai crié un peu.
Bob Dylan.
J'avais du mal à prendre la parole comme ça en public, alors dans ces cas là on force toujours le ton.
Bob Dylan.
J'avais lu, moi, le texte de cette chanson du poète moderne (et rock'n roll) et ça m'avait plu. J'avais trouvé ça incroyable, sans même l'avoir entendue.
Bob Dylan quoi merde. Le poète moderne (et rock'n roll).
And puts her hands in her back pockets, Bette Davis style, rien que pour cette phrase j'étais amoureux de cette Cendrillon. Alors je l'ai dit, trop fort, mais je l'ai dit.
Bob Dylan.

Mon poète à moi c'était ce type aux cheveux frisés et cette aura incroyable, cette légende vivante. Je le sais. Je l'avais lu. Dans Best et Rock & Folk. Les autres, je l'avais déjà remarqué, ce n'étaient pas leurs lectures. Mon poète à moi. J'allais leur montrer. Ca me paraissait tellement évident. Baudelaire et Rimbaud ils étaient morts. Le mien était vivant. Les filles allaient se jeter sur moi.
Bob Dylan.
Je répétais son nom dans ma tête avant d'avoir la parole et de leur balancer dans la tronche à ces idiots.
Bob Dylan.

En séparant bien le prénom du nom. Prononcé à la française. Dilane. Pas Dileun à l'américaine.
Bobe Dilane. Pas Beub Dileun.
Si j'avais su qu'il fallait le prononcer comme ça je n'aurais pas hésité une seconde. Histoire de les écraser un peu plus de ma classe, tous ces minables. J'aurais braillé Beub Dileun avec une moue dédaigneuse.
Là, je l'ai fait à la française. Sobrement. Bobe Dilane.

Enfin pour le moment je n'avais encore rien dit. Une fille essayait d'expliquer pourquoi elle aimait Baudelaire et quels poèmes. Puisqu'elle avait été si prompte à en parler la prof lui avait demandé. Je sentais qu'elle regrettait de l'avoir ouvert. Quels poèmes? Elle bafouillait terriblement la pauvre.

Moi j'attendais mon tour, répétant dans ma tête Bobe Dilane Bobe Dilane Bobe Dilane. Elle pouvait me demander quelles chansons j'aimais, j'en avais une liste longue comme le bras avec Desolation Row en tête. Même si je n'en avais encore écouté aucune.

Oui a fait la prof. Ca y est c'était mon tour. J'étais sûr de mon coup. On allait m'acclamer pour mon bon goût. C'est là que j'ai braillé.
BOBE DILANE !!!
Je n'avais pas attendu longtemps pour le dire mais cela me paraissait une éternité. Alors c'est parti d'un coup, comme la première fois où l'on fait l'amour.
BOBE DILANE !!!

Il y a eu un blanc.

Qui ça? a dit la prof.

J'ai senti que ça merdait à ce moment là. Un grand moment de solitude. L'impression de me trouver vraiment dans l'allée de la désolation. Seul contre tous. J'ai avalé difficilement ma salive et d'une voix nettement moins assurée, en rougissant jusqu'aux oreilles, à nouveau, j'ai redit ce nom qui me tournait dans la tête et dans la bouche depuis cinq minutes. Mais moins fort.
Bob Dylan.
J'aurai dû écouter Bob pourtant, You're in the wrong place, my friend You better leave.

Ah, le chanteur...
Elle a dit ça. Comme un verdict qui tombe froidement.
Ah, le chanteur...
Dédaigneuse. Comme si prononcer ce nom allait la plonger dans un quelconque enfer. Ca se sentait dans sa façon de laisser le mot chanteur suspendu dans les airs. Elle était jeune pourtant. D'apparence. Sartre était son idole.

Déjà dans la classe il y en avait qui commençait à se marrer. C'était le premier cours et ça partait fort. Je me serais cru dans une chambre froide à -30° d'un seul coup.
Comme il avait raison Bob, j'étais au mauvais endroit.
Ah, le chanteur...
Je l'ai haïe dans la seconde à la seconde où elle a prononcé ces mots.
Ah, le chanteur...
Je prenais perpète pour le reste de l'année avec un tel jugement.
Ah, le chanteur...
Ca me cataloguait tout de suite. J'en tremblais sur ma chaise. Ces chaises d'école, en tubes métalliques verts et assise en contreplaqué.
Ah, le chanteur...

J'en ai entendu derrière moi qui disait ah oui moi c'est les Rolling Stones en se marrant. Bande de crétins, ils n'écoutaient rien comme musique ces cons ça s'est confirmé ensuite. Les Rolling Stones ils ne connaissaient que de nom sans en avoir entendu une note. Certes, comme moi avec Bob Dylan. Sauf que moi je savais. Je savais que Bob Dylan était un génie. Un poète moderne (et rock'n roll). Je l'avais lu dans Best et Rock & Folk.

C'est là que cette perverse a appliqué la double peine. Ah, le chanteur... ça me condamnait déjà mais il a fallu qu'elle en rajoute. Admettons a t'elle dit, et pour quelles raisons?
Pour quelles raisons quoi? Pour quelles raisons j'aime Bob Dylan que je n'ai jamais écouté? Le poète moderne (et rock'n roll)? Elle est con ou quoi. C'est évident. Parce que je l'ai lu dans Rock & Folk et Best.

J'ai bien senti que ça n'allait pas être la bonne réponse.
Comment lui expliquer que ce Desolation row ça m'avait touché même si je n'en avais pas compris la moitié en m'aidant de mon petit dictionnaire anglais/français. Que le seul bruit que l'on entendait après que l'ambulance soit partie c'était Cinderella sweeping up On Desolation Row et ça je ne savais pas dire mais ça me prenait aux tripes.
Parce qu'il y avait dans ces quelques mots une détresse muette inexplicable. Je savais que j'aimerai ce passage sans même l'avoir entendu. Comment lui expliquer ça. Ca tournait dans ma tête et ça tournait.

Plus ça allait et plus je sentais les sarcasmes des crétins derrière moi enfler comme un tsunami géant qui allait m'engloutir. Je me suis raclé la gorge parce que les mots ne voulaient pas sortir, et j'ai réussi à bafouiller Parce que c'est un poète moderne.
Je me suis qu'il valait mieux laisser le rock'n roll de coté vu comment c'était parti. Les rires ont redoublé dans mon dos. La prof a dû avoir pitié de moi à ce moment là. Ou elle a eu peur que ça ne dégénère en bordel dans la classe cette histoire de Bob Dylan, parce que les autres, ces cons derrière moi, l'histoire du poète moderne, ils adoraient ça à en taper sur la table de rire.

Admettons. Mais je ne suis pas certaine que l'on puisse vraiment qualifier ce monsieur de poète.
Il s'appelle Bobe Dilane ce monsieur.
BOBE DI LA NE.

Mon poète moderne (et rock'n roll).
J'aurais dû lui dire comme ça. Was that some kind of joke? Tu es qui toi pour juger qui est un poète et qui ne l'est pas? Mais je me suis tut. Ca faisait trop pour moi. Me ridiculiser comme ça à cause de Bob, devant une bande d'ignorants, prof comprise, ça suffisait. Je me suis tut. Comment lui expliquer. Que dans le monde entier mon Bob Dylan était un poète alors que pour eux ce n'était qu'un vulgaire chanteur pop à cheveux longs. Et elle est passée à un autre, dans les rires s'éteignant difficilement.

Ca m'a grillé auprès d'elle pour le reste de l'année cette histoire. J'ai récolté une collection de notes pourries plafonnant à 7/20. La prof avait même été raconter à certaines filles de la classe que j'étais immature. La totale. Je le sais elles étaient venues me le répéter.
Déjà après cette histoire il y avait deux filles qui étaient venues me parler. Il y avait au moins un coté positif. Les filles ça a de la compassion pour les humiliés. Enfin deux seulement. Les autres s'étaient moquées de moi aussi ou m'ignoraient complètement. Ces deux là m'avaient parlé.

Une pour me dire qu'il ne fallait pas que je m'en fasse, que si j'aimais ce Bobe Dilane, c'était bien, même si les autres ne l'aimaient pas ou ne savaient pas qui c'était, d'ailleurs c'était très flou pour elle aussi. Je crois bien qu'elle était tombé amoureuse de moi à ce moment là puisque toute l'année elle m'aura poursuivie pour que l'on sorte ensemble. Comme un imbécile, drapé dans je ne sais quelle dignité, je n'ai jamais voulu.

Une autre, un peu bâb', une Corse exilée qui se vantait d'avoir pour copains des nationalistes qui posaient des bombes comme on allume une cigarette, encartée aux jeunesses communistes et qui avait répondu Aragon à la question de la prof (pourquoi? Pour son engagement en faveur de la cause communiste et la défense des travailleurs elle avait répondu sans sourciller et ça m'avait terriblement impressionné)(les mêmes crétins que moi avaient rigolé, elle les avait traités de porcs capitalistes en sortant de la classe), m'a dit t'as raison, mais ils ne peuvent pas l'accepter. Leur culture petite bourgeoise refuse la révolte de la jeunesse actuelle alors ils méprisent leurs idoles.

Un truc dans le genre. Et puis elle m'avait laissé là, comme ça. Je ne suis pas certain d'avoir saisi exactement tout le sens de ses propos mais ça m'avait fait plaisir. Surtout qu'avec ses longs cheveux blonds elle m'avait plu immédiatement. Je suis tombé amoureux d'elle dans la seconde. Bien sûr, pour elle je n'étais qu'un type qui aimait Bobe Dilane. Je passerai le reste de l'année à la dévorer du regard.

De ce jour je suis devenu le marginal de la classe. Celui qui parle de gens que personne ne connait. Celui qui lit de drôles de bouquins. Qui écoute des musiques qui ne passent pas à la radio et qui font parfois beaucoup de bruit.

Quelques mois plus tard j'aurais une petite vengeance, avec la sortie de Hurricane, on l'entendait sur toutes les radios, même au hit parade. D'ailleurs quelques filles m'avaient dit ah j'ai entendu Bob Dylan à la radio. Alors je leur expliquais l'histoire d'Hurricane Carter, ce boxeur condamné à tort en raison de la couleur de sa peau. Mais ça n'intéressait pas grand monde. En dehors de mon égérie communiste forcément. J'avais d'ailleurs bien espéré qu'avec cette histoire d'Hurricane Carter elle tomberait amoureuse de moi. En vain.

J'avais bien balancé quelques alors les gars vous savez qui c'est Bob Dylan maintenant, vengeurs et méprisants, aux crétins qui avaient rigolé dans mon dos mais ils s'en foutaient complètement. Ils avaient oublié cette histoire eux. Au printemps, avec la sortie de Black and blue des Stones j'aurais encore l'occasion de redorer mon image.

L'année suivant j'ai acheté Highway 61. Mon premier Dylan. Enfin. Après tout ce temps. Même si j'avais glané des chansons à droite à gauche à la radio (principalement Lay lady lay et forcément Hurricane). A la fin de la 2ème face il y a Desolation Row. Et quand Bob Dylan, MON Bobe Dilane, a chanté, pour moi, pour la première fois, Cinderella sweeping up On Desolation Row à la fin du 2ème couplet c'était encore meilleur que tout ce que j'avais imaginé. J'avais eu raison de lui faire confiance.

Parfois, même encore maintenant, lorsque j'écoute cette chanson, quand arrive le 2ème couplet, je repense à ce jour là, où j'ai braillé Bobe Dilane dans la classe.
Mon Bob.
Mon poète moderne (et rock'n roll).


NOTA : Le dessin ci-dessus est de David Scrima (on peut cliquer dessus pour le voir en grand et lire le texte)

Kill Me Sarah | 19:19 |

samedi, mai 31, 2008

363 Music : Why? : Light leaves (Album : Elephant Eyelash 2005)

    (363)

Les notes éthérées de Mogwaï s'enfuient par la fenêtre ouverte. J'ai déjeuné de fraises à la crème. Pas le courage d'écrire. Ou pas l'envie.

J'ai fait une Muxtape sans queue ni tête. Un vrai foutoir. C'est d'ailleurs ce que dit la première chanson.

Quoique le sens premier du mot foutoir désigne un lieu où l'on faisait l'amour. Un bordel. Pas vraiment un lieu sans queue ni tête finalement...

NOTA : Profitez des dernières semaines de Killing me softly (on brade)

Kill Me Sarah | 17:53 |

jeudi, mai 29, 2008

362 Shitty time : Merzbow : Klo Ken Phantasie (Album : Venereology 1994)

    (362)

Semaine de merde. Stress constant au travail. Des tas de pénibles qui m'empêchent de penser pour ne pas dire pire. A la maison, la connexion chie dans la colle et, loin des 18 méga annoncés, me donne un débit digne d'un vieux modem 56k asthmatique ("un technicien doit vérifier la ligne sous 48h", nous verrons bien demain soir ce qu'il en est...). Je me croirais revenu dix ans en arrière lorsque j'ai commencé à me connecter sur le net. Dix ans déjà...

Je serais le maître du monde j'éradiquerais bien volontiers là tout de suite au moins 80% de la population de la planète histoire de respirer un peu mieux.

Ce matin, une personne entrée dans mon bureau avant que je n'ai eu le temps d'arrêter la musique, a trouvé le moyen de me dire que c'était joli (certes c'était le cas)(le nouveau Spiritualized) mais ce n'était pas le jour pour.

J'ai mis Merzbow immédiatement derrière, qui a l'avantage de réfléter exactement mon humeur du moment. Au moins on ne risque pas de me dire que c'est joli.
Je ne sais si on peut qualifier de musique la production de Merzbow (plus de 375 disques ou supports divers tout de même). Expérience sonique extrême serait certainement plus juste. Venereology ferait passer
Metal Machine Music pour une berceuse pour enfant et ressemble à la bande son de l'apocalypse ultime. En plus bruyant.

En poussant un peu le volume, l'esprit et le corps sortent comme nettoyés après une telle écoute. C'est justement ce dont j'avais besoin.

(Expérience déconseillée aux femmes enceintes, aux enfants de moins de 12 ans, aux cardiaques...)(N'écoutez fort qu'en toute connaissance de cause)
(Il eut fallu mettre Ananga-Ranga, meilleur titre de cet album, pour bien s'imprégner du flux sonore impressionnant, mais ses 29 minutes en font un trop gros fichier. Celui-ci est "légèrement" plus calme (enfin tout est relatif))

Kill Me Sarah | 20:53 |

mardi, mai 27, 2008

361 Traces sonores : Carla Bozulich : Pissing (Album : Evangelista 2006)

    (361)

7h10 : La chaîne sur la table de chevet se met en marche. Je suis réveillé par Fire of the mind, première chanson sur The Ape of Napples, ce superbe album de Coil que j'écoutais hier soir avant d'éteindre. C'est parfois un peu étrange la sensation d'être réveillé par la même musique que celle avec laquelle on s'est endormi. Comme si la nuit avait été gommée.

7h56 : Ladies and gentlemen we are floating in space dans la voiture. J'ai eu envie de Spiritualized hier soir. J'arrive au bureau en écoutant Stay with me. Bien longtemps que je n'avais pas écouté ce disque. Il va bien avec la météo du jour.

8h25 : J'allume l'ordinateur. Drukqs. Pas envie de parole. Je commence ce compte rendu musical. Bruits de machines. Je lis les nouvelles.

9h42 : L'écoute de la musique au bureau est extrêment hachée entre les appels téléphoniques, les instants où je dois sortir du bureau ou lorsque des personnes y entrent. Sa présence est néanmoins insdispensable. Les passages lents sur Drukqs sont souvent magnifiques. Comme April 14th. Moment de calme après avoir couru dans les couloirs ce matin.

10h01 : Je mets très très rarement le lecteur en shuffle. J'ai une culture album. J'écoute un ensemble. Le shuffle n'est qu'une suite de chanson sans queue ni tête. Le choix d'un disque c'est la volonté d'installer une ambiance ou de la rechercher. Histoire de changer de paysage. Comme de changer la couleur des murs tristes du bureau. C'est pour cela que j'arrête l'Aphex Twin à la fin du premier disque. Je mets les Television Personalities, besoin de ce chant à limite, de cette fragilité étrange.

10h04 : Ah la chanson de mercredi. Je regarde par la fenêtre la rue humide de pluie fraîche. Ca sent l'Angleterre. Comme ce disque.

11h02 : Je reprends l'écoute du T.P après une intervention en C.E. C'est le disque du jour. La musique qui va avec le suintement des pneus sur l'asphalte mouillée derrière la vitre. (Diary of a young man, I know where Syd Barrett lives)

11h27 : Changement d'univers. Je sais que je vais me lasser rapidement des jeunes garçons d'A place to bury stranger mais en attendant j'aime bien leur disque. Le rythme s'accélère, il faudrait que j'avance. Du mal ce matin.

11h45 : Another step away à un petit coté Spiritualized en fait. Je n'avais pas remarqué avant.

12h18 : Je vais me chercher à manger. Reprise du Spiritualized où je l'avais laissé ce matin dans la voiture. Penser à écouter A&E (le nouvel album). La pluie redouble d'intensité. Constat amer de n'avoir aucun disque des Spacemen 3 à la maison...

12h36 : Je mange avec l'Evangelista de Carla Bozulich. J'écoute ce disque quasiment tous les jours au bureau depuis la semaine dernière. Obsession passagère. Sa plainte donne l'impression de racler les murs avec des ongles de métal. Ca doit être ce qui me plait dans ce disque.

13h16 : Tout le monde est parti déjeuner les couloirs sont calmes, j'en profite pour mettre un vieux Morphine. Encore un disque qui s'accorde parfaitement avec la pluie.

13h19 : The saddest song est toujours aussi chargée de souvenirs vécus ou non. C'est la voix de Sandman passant sous la peau qui fait cet effet là.

13h33 : I can tell you taste like the sky cause you look like rain... c'est vrai que c'est beau la pluie. Plus elle est forte et plus elle est belle.

13h56 : La fin du Morphine me surprend alors que mon regard se perdait sur le triangle d'herbe pelée situé sous ma fenêtre. Le problème au travail c'est que mon choix est limité par la (petite) taille du disque dur. Je ne sais pas trop quoi mettre.

14h02 : Spiderland sera parfait pour ne pas trop déranger ma torpeur tout en me maintenant éveillé.

14h18 : J'arrête le Slint pour mettre Where you been. Obsession dinausorienne du moment.

15h41 : Forcément en étant dérangé toutes les 5mn j'ai parfois des disques qui durent tout l'après-midi. Après quelques tergiversations je mets Windsor for the derby que je n'écoute finalement qu'au bureau. Peut être parce que cette musique va bien avec la lassitude de l'après-midi.

17h43 : Enfin un peu de calme. L'excellent Elephant Eyelash. Dehors les sirènes des ambulances hurlent à tout va dans le flot incessant des voitures. Ce temps humide irait bien avec une campagne herbeuse et sereine.

17h51 : Je me demande si cela sert à grand chose de mettre de la musique ici. Je crains que personne n'écoute. Personne en tout cas n'a encore remarqué que la chanson du jour n'était pas accessible... pourquoi j'ai laissé passer cet album de Why? lorsqu'il est sorti? Why? Justement.

18h37 : Light leaves, la dernière chanson de ce disque est vraiment superbe.

18h42 : Je finis la journée au bureau avec Imperial wax solvent de The Fall. Je serais incapable d'expliquer pourquoi j'écoute ce disque. The Fall c'est toujours bien quand on ne sait plus quoi écouter.

18h51 : I'm a fifty year old man braille Mark E. Smith... je pourrais chanter ça aussi bientôt... ça risque d'arriver vite... quand j'avais 20 ans je n'arrivais même pas à imaginer ce que je pourrais être à 40... à 20 ans on savait qu'on allait changer, on n'imaginait que du mieux... à l'approche de la cinquantaine on ne voudrait surtout plus changer... rester comme ça serait déjà bien...

18h59 : Il est l'heure de retrouver Spiritualized dans la voiture pour rentrer à la maison.

19h57 : J'upload Pissing et l'écoute en même temps. Combien de personne écouteront cette chanson.

20h39 : Je dîne ou plutôt grignote pendant que le beau Fading trails de Magnolia Electric Co. tourne sur la platine. Encore un disque humide puisque la journée s'y prête...

20h56 : Le clic-clic typique du bras au bout du sillon m'oblige à me lever pour mettre la 2ème face. Jason Molina a dans la voix une souffrance masquée.

21:11 : Le dernier Cloudland Canyon me fait penser à Neu !

21:32 : Y a t'il une raison à cette boulimie musicale? A ce refus du silence? Sonic Youth accuse Ted Hughes. Presque l'album idéal de là tout de suite maintenant. Comme dit Joseph, [...]à le fréquenter si assidument [Sonic Youth], on ne voit surgir ni ses rides, ni les nôtres. Mon visage dans la glace tendrait malheureusement à prouver le contraire...

22:28 : L'heure avance et pousse au calme. Il y a des soirs ou pour évacuer le stress (somme toute relatif mais néanmoins présent), je mets la tête dans un seau de bruit, d'autres ou la sérénité est de mise. Rest porte bien son titre. Même si je lui préfère son précédent. Gregor Samsa est de toute manière un nom de groupe parfait pour qui aime Kafka.

22h54 : Il y a des disques qu'on voudrait aimer mais malgré plusieurs écoutes cela ne passe pas. Le dernier Gregor Samsa en fait partie. Du coup je me finis au David Karsten Daniels.

23h22 : L'heure d'aller lire au lit et de terminer cette note inutile et sans intérêt. Témoignage d'une addiction auditive et musicale. Reste à choisir le disque pour accompagner ma lecture... et qui me réveillera demain matin...

Kill Me Sarah | 08:32 |

dimanche, mai 25, 2008

360 So much older then : Ida : Boots Of Spanish Leather (Album : Tribute to Bob Dylan Vol3 1998)

    (360)

Les gens vieillissent, on oublie parfois. Les gens vieillissent, on fait pareil, on voudrait bien l'oublier. Dylan a eu 67 ans cette semaine. Il était déjà grand quand j'écoutais Highway 61, à 16 ans ou 17 ans, en regardant les cheminées de la centrale EDF, ces vigies dérisoires et aveugles, sur l'autre rive de la Seine. Grand dans tous les sens du terme. Mais peut être qu'à l'époque, ces vingt ans d'écart me paraissaient moins importants.

Hier j'ai pris la centrale en photo de la fenêtre de mon ancienne chambre. Ensuite je suis passé sur les quais de Seine, ils ont cassé l'ancien pavillon de mes grands-parents. C'est aussi à ce genre de choses que l'on voit le temps passer même si on ne veut pas le voir. Le paysage change. Ni meilleur ni pire parfois, il change c'est tout.
On ne voyait pas grand chose derrière les palissades blanches mais on voyait bien assez pour comprendre qu'il ne restait plus un mur debout. J'aurais peut être dû m'arrêter pour essayer de récupérer une brique du pavillon. Comme ça. Mais comme ils ont cassé le pavillon voisin et la petite usine située derrière, je n'aurais pas su faire le tri dans les gravats. Et puis tout semblait être entièrement déblayé ou presque.
On ne s'est pas arrêté. On a juste regardé le monde s'effondrer un peu plus tous les jours en passant au ralenti en voiture...

Kill Me Sarah | 18:32 |

vendredi, mai 23, 2008

359 We're already dead : The Ruts : Babylon's burnin' (Album : The crack 1979)

    (359)

La sirène de la défense passive située sur la barre HLM en face s'est mise à brailler comme tous les mercredis midi. Sauf qu'il était 9h28 et non midi. Sauf qu'il était jeudi 22. Contrairement à l'habitude.
C'est étrange cette scorie guerrière, cet ancestral exercice d'alerte mensuel. Du moins j'ai toujours trouvé ça étrange. Forcément, si un jour tout ça se mettait à hurler sans que l'on soit le premier mercredi du mois... Et là c'était le cas il était jeudi 22 à 9h28, et pas mercredi midi.

Peut être que personne n'a noté qu'il était 9h28, non midi, et peut être sommes nous tous morts dans d'horribles souffrances liées au bombardement d'un gaz hautement toxique ou de 17 bombes atomiques de haute puissance ou que sais-je. C'est la fin du monde et on ne le sait pas... "It's one hundred years from today and everyone who is reading this is dead. I'm dead. You're dead." Comme le disait Elliott Murphy dans ses notes de pochette du Live 1969 du Velvet Underground.

On est tous mort. Des survivants un siècle plus tard, découvriront fortuitement mon corps fossilisé, figé dans un horrible dernier rictus devant cet écran où j'étais en train d'écrire que la sirène de la défense passive avait retentie à 9h28 et non à midi.
Comme à la fin de Notre Dame de Paris, "quand on voulut le détacher de l'écran qu'il embrassait, il tomba en poussière."

(je crois que je fatigue...)  (Music from the tomb)

Kill Me Sarah | 17:53 |

mercredi, mai 21, 2008

358 In bed with Jay Mascis : Dinosaur Jr : Not the same (Album : Where you been 1993)

    (358)


Est-ce ainsi que les hommes vivent? Je ne cesserai jamais, je crois, de me poser la question. Lassitude intense de ce monde en déliquescence. Lassitude tout court.

Je m'enveloppe dans le brouillard des guitares de Dinosaur Jr depuis deux jours.

(J'ai fait une muxtape Costello pour compléter la Chevreuil's tape)(Et ça y est CA MARCHE !!!)


Nota : (les plus observateurs auront remarqué le n° de la chanson à coté du lecteur. Si vous cliquez dessus vous pouvez aussi écouter la chanson (ou l'enregistrer)(dans le bon format))

Kill Me Sarah | 22:38 |

lundi, mai 19, 2008

357 Mai mais : Claude Nougaro : Paris Mai (Album : Paris Mai 45T octobre 1968)

    (357)

"Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile"


J'ai toujours trouvé que cette belle chanson de Nougaro était un instantanné parfait des images fantasmées de mai 68. Sur fond d'orgue Hammond joué par Eddy Louiss (Un B3)(c'est un détail mais en fait non).

J'avais sept ans en 68, les souvenirs sont très vagues, très flous. Je me souviens juste d'un après-midi où j'avais été très surpris de voir mon père descendre les escaliers en face de chez nous alors que ce n'était pas son heure habituelle. Je jouais devant le café de mes grands-parents sur le trottoir et je l'ai vu descendre les marches. Pour moi Mai 68 c'est ça, cette image. Aussi le fait qu'il ait raconté avoir reniflé des gaz lacrymo en sortant du métro et qu'il avait fait demi tour.

Je ne devais pas être à l'école ou bien était-ce un jeudi je n'en sais rien. Le grand-père, très respectueux de l'ordre établi, avait dû, avant même De Gaulle, balancer quelques chienlit derrière son comptoir en servant des ballons de rouge aux habitués dont je peux facilement deviner la moue approbatrice et avinée.

D'une manière générale je me souviens que la famille en bloc condamnait les actions des étudiants et des grévistes (tas de feignants à envoyer en mine de sel ou une amabilité de ce genre, c'était bien le style du grand-père). Mon père avait peut être une opinion différente sur le fond mais il ne l'exprimait pas, ou pas en ma présence, et surtout pas devant son père. Il en réprimait en tout cas certainement la forme, les pavés qui volaient, les barricades et tout le joyeux bordel. Mais ce n'est qu'une simple hypothèse de ma part.

Dix ans et quelques mois plus tard plus tard, j'entrais à mon tour à la fac. Je me suis souvent demandé ce que j'aurais fait, où je me serais trouvé, si les "évènements" de mai avaient eu lieu le printemps de mes dix huit ans. Si j'aurais eu le courage de participer à ce mouvement, ou si j'aurais juste apporté un soutien muet et passif, mais entier et total, aux manifestants en continuant à écouter des disques tranquillement dans ma chambre. La réponse est certainement dans le vent... ou sous un pavé...

Kill Me Sarah | 21:35 |

samedi, mai 17, 2008

356 Kyoto song : Derek Bailey : Body and soul (Album : Ballads 2002)

    (356)

Un coup de gong éveillant des souvenirs anciens, presque morts. Sans savoir pourquoi, ou juste parce que dans Black out il disait être under Japanese influences, je mets Warszawa revu par Glass, en tourbillon centripete. Chemins détournés.
Les pensées accrochent au travers de la fenêtre, comme un idéogramme à l'encre noire sur un miroir. Des envies de Japon, présentes depuis longtemps déjà. Le soir je commence enfin cette histoire fondatrice couvée depuis longtemps. Mais les mots s'entechoquent, sortent difficilement, peu gracieux.

Pendant que les aubergines cuisent, je mets Derek Bailey dont la guitare aux notes brisées sonne parfois comme un shamisen.


(et puis la playlist)

Kill Me Sarah | 18:21 |

jeudi, mai 15, 2008

355 Rain : Smog : All your women things (Album : The doctor came at dawn 1996)

    (355)

Matin poisseux après nuit de pluie. S'il y a eu de l'orage on ne l'a pas entendu.
Des notes humides, comme de grosses gouttes de pluie sur des feuilles, en équilibre, prêtes à s'écraser par terre. La saveur toujours particulière de la pluie après des journées chaudes. L'odeur de la poussière mouillée. Cette odeur qui fait frémir. Quand la pluie lave les rues.

Mais hier soir il n'y avait pas cette odeur. Juste l'humidité sur la peau. Une souplesse de l'horizon. La musique minimaliste des gouttes.
Juste avant la moiteur des corps après l'étreinte.

Kill Me Sarah | 22:42 |


Ego
Sexe : M / Age : 47
Profession : Aucun interet
Situation : Opposant au régime
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 Caroline dit...
 Pur Vinyle Baby !!!   
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Playlist
Sun Kil Moon : April
Spiritualized : A&E
Shearwater : Rooks
Okay : Huggable Dust
Zombie Zombie : Land of renegades
Why? : Alopecia
Idaho The forbidden EP
A place to bury stranger : s/t
Tindersticks : The hungry saw
Merzbow : Venereology; Tauromaschine
Dinosaur Jr : plein
The Notwist : The devil, you+me
Fuck Buttons : Streethorrrsing
Carla Bozulich : Evangelista
Autechre : Chiastic slide
Stephen Malkmus : Real emotional trash
The Pastels : Mobile safari
Sun Ra : Space is the place
Television Personalities : ...and don't the kids just love it
Ike Yard : 1980-82 Collected
Aphex Twin : Drukqs
Mogwaï : Rock action
Elvis Costello : Armed forces
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